Anticiper et Piloter sa masse salariale en cas de relégation

Anticiper et Piloter sa masse salariale en cas de relégation

Lors de notre précédent article, « La relégation en Ligue 2 : une catastrophe industrielle ? », nous avons décrit les conséquences financières d’une relégation. Pour y faire face, les budgets doivent être adaptés aux contraintes de la Ligue 2. L’une des clés pour un club est d’anticiper la réduction de sa masse salariale à l’aide d’une stratégie de rémunération.

Il est en effet frappant de constater que l’année suivant la relégation, la masse salariale représente en moyenne 93% du chiffre d’affaires des clubs relégués.
Matrice SD article  2

Compte tenu de la forte pression de la masse salariale, un club relégué qui ne parvient pas à se restructurer peut voir sa pérennité remise en cause très rapidement. L’exemple le plus connu est celui du Mans, même si ce n’est pas un cas isolé.

2. Liquidation

Afin d’éviter une telle situation, les clubs doivent, en début de saison, anticiper différents scénarios dont un « stress scenario » dans le cas d’une relégation.
Les clubs disposent pour cela de deux outils :

-       S’appuyer sur les mécanismes prévus dans la Charte du Football Professionnel
-       Mettre en place une stratégie contractuelle

La Charte du Football Professionnel prévoit deux mécanismes permettant à un club relégué de diminuer sa masse salariale. Le premier est une diminution automatique et collective de 20% de la rémunération des joueurs de l’effectif.

Charte LFP - Relégation

Elle présente deux principales limites:

  •  Une diminution de 20% de la masse salariale est insuffisante comparée à la diminution moyenne de 46% des revenus des clubs relégués. 
  •  Elle s’applique mécaniquement à l’ensemble des joueurs et ne prend pas en compte les différences de rémunération et de statut des joueurs au sein de l’effectif.

Afin de diminuer davantage sa masse salariale, un club relégué peut aussi entamer des négociations individuelles, deuxième mécanisme prévu par la Charte. Ces négociations offrent la possibilité d’une réduction plus importante des rémunérations d’un joueur (de 30% à 50%). Pour autant, elles sont également limitées par :

  •  Le risque qu’un joueur se retrouve libre de tout contrat. La Charte prévoit qu’un joueur qui refuse de diminuer son salaire de manière individuelle soit automatiquement libéré par son club au 30 juin. Le club s’expose ainsi à une rupture contractuelle et à la perte de l’éventuelle valeur marchande du joueur. 
  •  Un risque élevé pour un gain marginal sur les petits salaires. La diminution des salaires bruts pour les salaires inférieurs à 35 000€ est de 30%, soit uniquement 10 points de plus que la négociation collective. Or les clubs relégués sont généralement les clubs de Ligue 1 avec les plus faibles masses salariales. L’impact de la négociation individuelle pour ces clubs est minime comparé au risque que le joueur refuse et parte libre.
  •  La non prise en compte de la part variable de la rémunération. Cette diminution ne concerne que la part fixe de la rémunération du joueur, or les rémunérations variables représentent en moyenne 12% de la rémunération totale des joueurs de Ligue 1. 

Au regard de ces limites, il apparaît nécessaire pour les clubs concernés de mettre en place une stratégie de rémunération pilotant collectivement et individuellement le risque de relégation.

 For new players now, we would insist upon a relegation clause  

Niall Quinn – Président de Sunderland – Juin 2009

Politique de Rémunération Collective 

En début de saison  il est important de fortement valoriser l’objectif de classement final au travers du barème des primes collectives.
S’il est atteint, la charge liée au paiement de la prime collective est compensée par l’accroissement des revenus de droits TV. (+ 1.7 M€ pour le 17ème, 1.9 M€ pour le 16ème, etc.).
En cas de relégation, la non distribution des primes permet de couvrir une partie du manque à gagner et de préparer la restructuration du budget pour une saison en Ligue 2.

Stratégie Contractuelle Individuelle

Il convient également d’anticiper contractuellement, et selon le statut de chaque joueur, le scénario d’une relégation.
Schématiquement, quatre profils peuvent être distingués au sein d’un effectif :

Matrice SD VDF

1.     Les joueurs Stars

Il s’agit des joueurs ayant à la fois la plus grande valeur marchande et les salaires les plus élevés. Les clubs ont deux objectifs contradictoires concernant ces joueurs : maximiser le prix d’une hypothétique cession (ce qui passe par un contrat longue durée) tout en limitant le risque financier encouru si le joueur devient un poids mort (ce qui incite au contraire à une durée contractuelle courte). Pour concilier ces deux objectifs, nous préconisons d’opter pour une durée courte (2 ou 3 ans) et de:

  • Prévoir une prolongation automatique conditionnée à l’atteinte d’une performance individuelle. En prévoyant, par exemple, une prolongation d’un an si le joueur est titulaire à 30 reprises au cours de la saison, le club maintient à la fois une durée contractuelle longue si le joueur est performant et réduit son risque en cas de sous performance.

  • Jouer sur les effets de seuil des tranches prévues par la Charte du Football Professionnel. En prévoyant une rémunération de 53 000€ au lieu de 50 000€ le club s’offre la possibilité d’une réduction de 50% du salaire dans le cas où le club serait relégué et le joueur sous-performant.

effet de seuil VF

 2.     Les poids morts (Joueurs Stars sous-performants)

Comme évoqué ci-dessus, les joueurs chers et sous-performants sont particulièrement problématiques pour les clubs relégués qui n’ont pas les moyens financiers de payer une résiliation de contrat.
Le recours à la négociation individuelle de la Charte du Football Professionnel est systématique avec ce profil et permet de contraindre le joueur à choisir entre une diminution de 40% à 50% de sa rémunération et une résiliation gratuite.

3.     Les révélations

Les révélations sont des joueurs dont le rôle initial était secondaire, ce qui explique leur faible coût, mais dont les performances ont dépassé les attentes.
Etant donné leur fort ratio performance/coût, ces joueurs ont une valeur marchande élevée associée à une forte spéculation quant au maintien de leur performance.
Le risque est double, soit payer au prix fort une surperformance limitée dans le temps (révélation devenue poids-mort) soit laisser partir à faible coût une révélation devenue star.
Dans les deux cas, il peut être intéressant de prolonger ces joueurs rapidement lorsque la surperformance se présente pour limiter leur pouvoir de négociation et maximiser leur valeur marchande du joueur en fin de saison dans le scénario de la relégation.

 4.    Le reste de l’effectif

Pour les joueurs ne rentrant pas dans les trois catégories précédentes mais qui font partie de la vie du groupe, il est intéressant  lors de la négociation, d’insérer des clauses spécifiant le salaire du joueur pour la Ligue 1 et la Ligue 2. Ces dernières, pour être efficaces, doivent être supérieures aux 20% de diminution collective prévue par la Charte du Football Professionnel. Cette pratique à divers avantages :

-          Avoir une idée précise de la masse salariale de ce type de joueur en cas de relégation.
-          Eviter les mécanismes prévus par la LFP qui peuvent conduire au départ libre d’un joueur.

Si elle n’est pas anticipée, une relégation peut avoir des conséquences économiques et sportives dramatiques. Au contraire, la mise en place d’une politique de rémunération et d’une stratégie contractuelle adaptées permettent à un club de relever les nombreux défis qu’elle impose : conserver ses meilleurs éléments pour espérer remonter, se séparer des poids morts à moindre frais et vendre ses joueurs à forte valeur marchande au meilleur prix.

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Cette solution permet notamment d’anticiper, d’évaluer et de gérer le risque financier associé à une relégation.

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